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lundi 23 décembre 2024

Melodies of Atonement de Leprous : Une introspection musicale sublimée

Depuis ses débuts, Leprous a su s'imposer comme l'une des formations les plus audacieuses du metal progressif moderne, explorant des paysages sonores où l'émotion et la technique s'entrelacent avec grâce. Melodies of Atonement, leur huitième opus, marque un tournant significatif dans leur parcours. Si le groupe norvégien est souvent associé au metal progressif, un genre qu'Einar Solberg, le leader, préfère nuancer, cet album se démarque par une approche plus dépouillée, plus intime, centrée sur l’essence même du groupe et de ses membres. Le résultat ? Un disque où chaque note et chaque silence semblent portés par une intention poignante.



Une écriture introspective et honnête

Comme l'explique Solberg, Melodies of Atonement est avant tout le reflet de son parcours personnel. Si les précédents albums du groupe étaient déjà marqués par une certaine introspection, cet opus pousse encore plus loin l'exploration de ses émotions et de ses luttes intérieures. "Depuis Pitfalls, nos albums sont devenus vraiment personnels. Cette transparence est devenue la seule façon que je connaisse d'écrire," confie-t-il. Loin des métaphores complexes de ses débuts, Einar adopte une écriture brute et honnête, abordant des thèmes universels tels que la solitude, la quête de bonheur et la rédemption personnelle.

"Je ne voulais plus perdre de temps à ne pas être heureux, alors j'ai trouvé des techniques... C’est ça que cet album raconte," déclare Solberg, soulignant ainsi le tournant émotionnel qu’il a traversé depuis les périodes plus sombres de Pitfalls et Aphelion. Ce changement d’état d’esprit se ressent dans la tonalité de l’album, beaucoup plus optimiste et libérée que par le passé.

Une musique épurée et audacieuse

Le choix de revenir à une musique plus minimaliste et moins chargée en arrangements orchestraux permet au groupe de renforcer l'authenticité et la puissance de son message. "En enlevant certains éléments, au lieu de donner une impression de son rétréci, cela donne l’impression que le son est plus grand parce qu’il y a plus de place pour chaque chose," explique Solberg. Ce dépouillement donne ainsi à chaque morceau une dimension plus vaste et plus ouverte, où chaque instrument trouve sa place dans un espace sonore riche et aéré.

Le groupe fait preuve d'une audace musicale en incorporant des grooves inspirés du rap des années 90, un choix surprenant qui, bien qu’il n’atteigne pas toujours son but, témoigne de la volonté de repousser les frontières du genre. "Un de mes objectifs était d’essayer d’introduire des grooves de rap des années 90 et d’y superposer le son de Leprous," avoue-t-il. Même si cette influence est parfois subtile, elle ajoute une texture intéressante au son du groupe.

L’approche de Tor Oddmund Suhrke

Tor Oddmund Suhrke, guitariste et membre fondateur, évoque dans une interview pour Radio Metal l’évolution de la dynamique au sein du groupe. "Nous avons voulu expérimenter un peu plus avec des arrangements live sur cet album. Cela nous permet de capturer une énergie plus brute et spontanée, que ce soit au niveau des voix ou des instruments," explique-t-il. Cette approche permet au groupe de se rapprocher d’une performance plus organique, sans chercher la perfection technique, mais en mettant plutôt l’accent sur l’émotion brute.

Suhrke souligne également la manière dont l’écriture des morceaux a été une expérience partagée, marquée par une grande collaboration. "L’introspection d’Einar est évidente, mais pour nous tous, chaque morceau est une réflexion sur notre propre parcours et ce que nous vivons aujourd’hui. C’est ce qui rend l’album plus collectif." En parlant des choix sonores, il ajoute : "On voulait que chaque élément ait un but précis, chaque silence et chaque note porte une intention particulière."


Une architecture sonore captivante

Dès l'ouverture avec "Silently Walking Alone", l’auditeur est plongé dans un univers introspectif, mêlant des nappes atmosphériques à une instrumentation minimaliste. La voix d'Einar Solberg y joue un rôle central, émergeant comme un véritable instrument. "Il est crucial pour moi que la voix porte les émotions autant que la mélodie," expliquait Solberg dans une interview récente pour Kerrang! (octobre 2024). Cette affirmation prend tout son sens ici, où chaque vocalise traduit une vulnérabilité saisissante.

Le titre éponyme "Atonement" déploie une palette sonore plus riche. Des percussions polyrythmiques se mêlent à des lignes de basse vibrantes, rappelant parfois les textures aériennes de Radiohead. Selon Louder, ce morceau "représente l'équilibre parfait entre complexité technique et pure émotion" (novembre 2024).

Dans "My Specter", Leprous explore un registre plus épuré, flirtant avec des éléments d’électro ambient. Le morceau s'appuie sur une montée en tension progressive, avant d'exploser dans un crescendo instrumental magnifiquement chaotique, illustrant un combat intérieur palpable.

Moments d’audace et influences variées

Melodies of Atonement démontre également une volonté de s'aventurer au-delà des frontières du prog classique. "I Hear The Sirens" et "Like A Sunken Ship" convoquent des sonorités post-rock et trip-hop, rappelant par moments les ambiances éthérées de Massive Attack ou Sigur Rós. Solberg, dans une interview accordée à NME, admettait avoir voulu "laisser plus de place à l’imprévu, aux erreurs presque belles." Cette approche se ressent dans "Limbo", où une instrumentation dépouillée met en avant une improvisation vocale presque chamanique.

Le morceau "Faceless" est une pièce maîtresse. Sombre, presque oppressant, il juxtapose des riffs dissonants avec des chœurs angéliques. Ce contraste saisissant illustre un thème récurrent de l'album : la lutte entre identité et anonymat dans un monde hyperconnecté.


Une réflexion sur l’humain

Les thèmes abordés dans Melodies of Atonement sont résolument introspectifs. Le groupe invite l’auditeur à une réflexion profonde sur des sujets tels que la solitude, le regret et la quête de rédemption personnelle. Dans une récente interview, Solberg confiait : "Cet album est né de mes propres luttes avec l’anxiété et l’isolement. Chaque morceau est une étape de ce voyage intérieur" (Prog Magazine, décembre 2024). Chaque morceau est une étape de ce voyage intérieur. Des morceaux comme "Unfree My Soul" et "Atonement" abordent des thèmes de rédemption et de transformation, tandis que "Self-Satisfied Lullaby", avec son piano mélancolique et sa voix déchirante, incarne l’apogée de cette exploration émotionnelle.

Un album marquant dans une carrière exemplaire

Melodies of Atonement est sans conteste une œuvre marquante dans la carrière de Leprous. En s’aventurant dans de nouveaux territoires sonores tout en restant fidèles à leur identité émotionnelle, le groupe nous offre un album à la fois audacieux et introspectif. Chaque morceau est une étape de cette quête intérieure, où les mélodies tour à tour cathartiques et apaisantes parlent autant au cœur qu’à l’esprit.

Comme le résume Louder, "Cet album n’est pas seulement une œuvre musicale, c’est une expérience existentielle." Leprous confirme ainsi son statut incontournable dans le paysage progressif contemporain, et il est fort probable que Melodies of Atonement devienne, avec le temps, l’une de leurs œuvres les plus emblématiques.



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