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vendredi 20 décembre 2024

Altering Fates and Destinies de Loudblast, un monument de maturité métallique

En septembre 2024, Stéphane Buriez participait au panel « Metal Memories » dans le cadre du MENA
Rock Festival à Tunis, aux côtés de Pascal Gueugue, Corentin Charbonnier et de votre serviteur. Un mois plus tard, Loudblast sortait Altering Fates and Destinies, un album qui marque une nouvelle étape dans leur carrière. 


Un Lien Fort avec le Passé, Une Vision Vers l’Avenir

Depuis leur formation en 1985, Loudblast s’est affirmé comme un pilier du death metal en France. Bien avant l’émergence de noms comme Gojira sur la scène internationale, Loudblast posait les bases d’une identité musicale unique alliant puissance et sophistication. 

Comme le décrit Stéphane Buriez : « Cet album est une synthèse de tout ce que nous avons été et de ce que nous sommes aujourd’hui. Nous n’oublions pas d’où nous venons, mais nous n’avons fixé aucune limite et avons juré de faire tout ce que nous voulons. » Altering Fates and Destinies est décrit comme « un album très sombre, puissant et plus rythmé que ses prédécesseurs », un hommage aux origines du groupe tout en explorant de nouvelles dimensions sonores (Radio Metal).

Entre puissance et subtilité

Dès l’ouverture avec From Beyond II (The Return), Loudblast plonge l’auditeur dans une atmosphère sombre et lourde, renouant avec les thèmes lovecraftiens de leurs débuts. Ce morceau se veut une continuation directe de From Beyond, présent sur leur premier album Sensorial Treatment (1989). Ici, riffs massifs et progressions mélodiques complexes témoignent de l’évolution musicale du groupe tout en rendant hommage à leur héritage. 

Avec Putrid Age of Decay, Loudblast offre un moment de pure intensité, rappelant l’énergie brute de leurs inspirations comme Gorefest et Grave. Les critiques notent que ce titre « combine la lourdeur classique avec une production moderne, présentant un son à la fois organique et écrasant » (Teeth of the Divine). 

Un des points forts de l’album réside dans Crystal Skin, où les mélodies de guitare s’allient à un solo poignant à 2:20, évoquant une touche plus mélodique tout en restant fidèle à l’esprit death metal. 

Les morceaux He Who Slumbers et Dark Allegiance, mes préférés, se distinguent particulièrement. He Who Slumbers, plongé dans une ambiance mystique et pesante, offre des riffs monumentaux qui transportent l’auditeur dans des contrées lovecraftiennes. Quant à Dark Allegiance, sa construction complexe et ses changements de rythme rappellent la maîtrise technique et la profondeur émotionnelle que Loudblast peut atteindre. Selon Teeth of the Divine, Dark Allegiance est « un autre morceau lent et puissant, avec des changements de tempo du grind lent à des passages rapides qui le maintiennent fort ».

Dans une interview accordée à Dead Rhetoric, Stéphane Buriez souligne : « Nous avons voulu intégrer des éléments plus mélodiques tout en conservant notre agressivité caractéristique. » Cette déclaration résume parfaitement l’équilibre que l’album parvient à atteindre entre innovation et tradition.


Une introspection lovecraftienne

Les textes explorent des thèmes comme la décadence humaine, le destin et les mystères de l’inconnu, plongeant dans l’univers fascinant de Lovecraft. Comme l’explique Stéphane Buriez dans une interview : « L’album reflète notre fascination pour les récits qui interrogent la place de l’homme face à l’inconnu, une forme d’évasion et de confrontation à nos propres peurs. » (Metal Zone). Il ajoute dans l’interview Dead Rhetoric : « L’univers de Lovecraft a toujours été une source d’inspiration pour nous, et cet album en est imprégné. » Ce lien étroit entre les thématiques littéraires et musicales confère une profondeur supplémentaire à leurs compositions.

Collaborations Stratégiques

L’artwork de Altering Fates and Destinies a été réalisé par Khaos Diktator, un artiste renommé pour ses visuels sombres et complexes. L’illustration, dominée par des tons noirs et rouges, reflète parfaitement l’atmosphère apocalyptique et introspective de l’album. Elle constitue une extension visuelle des thèmes abordés, ajoutant une dimension supplémentaire à l’expérience d’écoute. 

En ce qui concerne la production sonore, Loudblast a collaboré étroitement avec HK Krauss au Vamacara Studio pour garantir un son à la fois organique et puissant, fidèle à leur vision artistique. Dans une interview, Stéphane Buriez déclare : « Travailler avec HK Krauss nous a permis d’obtenir un son à la fois organique et puissant, fidèle à notre vision. Il était crucial pour nous d’expérimenter davantage sans perdre l’essence de ce qui fait Loudblast. » 

Cette volonté de mélanger tradition et innovation tout en conservant leur agressivité caractéristique a été essentielle pour créer un album qui capture à la fois une ambiance noire et une énergie brute. Altering Fates and Destinies est non seulement un testament de l’évolution musicale de Loudblast, mais aussi un exemple frappant de la manière dont des collaborations stratégiques avec des artistes comme Khaos Diktator et des producteurs comme HK Krauss peuvent transformer une vision artistique en une réalité sonore et visuelle inégalée.

Une pierre angulaire du death metal français

Altering Fates and Destinies est une œuvre majeure qui confirme Loudblast comme un pilier de la scène metal extrême. 

Avec cet album, le groupe montre qu’il sait à la fois honorer son passé et se projeter dans l’avenir.




vendredi 6 décembre 2024

Poppy - Negative Spaces : Une odyssée sonore à travers les extrêmes

Malgré une discographie déjà riche avec cinq albums depuis 2017, je dois confesser que je ne connaissais pas Poppy avant de tomber, par hasard, sur son dernier opus, Negative Spaces. Et quelle découverte ! Ce sixième album est une œuvre audacieuse et magistrale, fusionnant des genres apparemment incompatibles : le métal dévastateur et la pop sucrée.


Un équilibre fascinant entre violence et douceur

Dès l'ouverture avec Have You Had Enough, Poppy donne le ton : une mélodie éthérée qui évoque Running Up That Hill de Kate Bush, bientôt submergée par des growls viscéraux. Les influences multiples s'enchaînent, comme en témoignent They’re All Around Us ou The Center’s Falling Out, deux morceaux aux riffs puissants et aux hurlements cathartiques, rappelant les sonorités de Slipknot. Mais l’album ne se limite pas à l’agressivité ; des titres comme Surviving On Defiance ou Halo dévoilent une facette plus douce, où la voix cristalline de Poppy s’accorde à des mélodies synthétiques empreintes de nostalgie.

« Il y a une sensation de complétude quand je me trouve entre ces extrêmes », explique l’artiste dans une interview avec NME (15 novembre 2024). Ce sentiment d'équilibre est au cœur de l'album, où chaque morceau incarne une tension maîtrisée entre le chaos sonore et des moments de pure sérénité.


Une production ambitieuse et visionnaire

La signature sonore de Negative Spaces doit beaucoup à Jordan Fish (Bring Me The Horizon), qui co-produit l’album avec brio. Sa capacité à jongler entre des textures électroniques et des murs de son métalliques est évidente. Poppy elle-même souligne leur complicité créative : « Nous partageons une passion commune pour la musique lourde et les sons plus doux. Cela a façonné cet album » (Kerrang!, novembre 2024).

Chaque piste explore un territoire unique. Par exemple, Crystallised s’inspire des rythmes post-punk de New Order, tandis que le morceau-titre, Negative Spaces, évoque la rage grunge de Hole et Courtney Love. Ces inspirations variées renforcent l’identité kaléidoscopique de l’album. Comme le remarque un critique de Sputnikmusic : « Chaque chanson nous surprend par sa capacité à passer de la violence à la mélancolie en un instant. »


Un voyage introspectif et universel

Les paroles de Poppy, souvent introspectives, abordent des thèmes universels tels que la trahison, la recherche de soi, et la résilience. Dans They’re All Around Us, elle chante : « When your spirit’s black and blue / And the heroes all desert you. » À travers cette confession, elle explore la douleur d’être abandonnée par ses idoles, une expérience qui l’a poussée à se tourner vers elle-même. « Ce que j’ai appris, c’est qu’il faut écouter son intuition », confie-t-elle à RockUrLife.

Cette dimension intime est renforcée par une production subtilement vulnérable. « C’est un album où je me suis permis d’être plus brute, plus réelle, tout en conservant cette part de fragilité », partage-t-elle dans une interview avec Kerrang!.

Une place à part dans la scène musicale

Avec Negative Spaces, Poppy transcende les genres et redéfinit le métal moderne. L'album n’est pas seulement une démonstration de puissance sonore ; c’est une exploration artistique où la créativité règne en maître. « J’ai toujours voulu créer de la musique qui m’excite et me surprenne », affirme-t-elle dans Dork (novembre 2024). Cette volonté de repousser les limites se ressent dans chaque note, chaque refrain.

Poppy invite ses auditeurs à se plonger dans cet univers, de préférence « à plein volume, en extérieur, avec une eau pétillante à la main – et pourquoi pas, danser » (NME). Une suggestion qui résume bien l’essence ludique mais profonde de cet album.